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Une zone sensible à l’éboulement

Jamais deux sans trois, dit l’adage.
Vous connaissez sans doute la falaise d’amont du Tilleul et le trou de serrure de la Pointe de La Courtine. Cette falaise a connu assez récemment deux éboulements successifs. Les éboulis qui barraient la plage sont en voie de résorption.

Au Sud de La Courtine, les couches du Coniacien inférieur recouvrent de manière presque horizontale les monticules et cuvettes du Turonien supérieur. Un slumping spectaculaire affecte les couches du Turonien supérieur, lequel a été décrit et figuré par Pierre Juignet depuis plusieurs dizaines d’années. Ce slumping, avec ses couches tordues, représente un défaut mécanique que les infiltrations ont eu tôt fait de miner et de karstifier.

Le cliché montre l’évidement progressif de la craie au ciel et à la base. Des fissures de décompression apparaissent en pelures d’oignon autour de la cavité.
L’état de fragilité de cet ensemble laisse présager un futur éboulement.

Eboulement en cascade au Tilleul, ça continue..

Dans la nuit de la nouvelle année et encore jusqu’à midi le 1er janvier, des éboulements se sont produits, entre le précédent éboulement et la Pointe de la Courtine.
La vidéo suivante, prise du sommet de la Pointe de la Courtine, a été enregistrée par le petit-fils d’Arsène Caprin et mise en ligne sur Facebook.
Ce lieu n’avait pas subi d’éboulement d’une telle importance depuis de nombreuses années. Les répliques latérales à partir d’un éboulement initial sont assez communes. La presse locale rapporte cet événement.

Vidéo publiée par Arsène Caprin, enregistrée par son petit-fils Adam

Cette vue aérienne de Charles Marignan (shark-aero.fr) a également été publiée sur Facebook.

Clichés anciens, antérieurs à l’éboulement

Avant l’éboulement
Un éboulement modeste en 2010
Auriez-vous deviné l’imminence du second éboulement ?

Les niches d’arrachement des différents éboulements montrent que le phénomène concerne toute la hauteur de la falaise. Le contour des niches est symétrique et parabolique (et non de la forme d’un dièdre comme c’est souvent le cas). La taille maximale des blocs atteste d’une épaisseur arrachée de l’ordre de 2 mètres, c’est-à-dire relativement épidermique.
L’une des causes de ce mouvement de terrain peut être recherchée dans la fracturation tectonique qui affecte globalement le secteur d’Etretat. Des failles avec rejet sont repérables en plusieurs endroits. Elles ont une direction armoricaine N150-N160, c’est-à-dire qu’elles ont une faible obliquité par rapport à l’orientation générale de la falaise, par exemple :
– la faille au S de la Roche Trouée (N de la valleuse d’Antifer),
– les failles à l’E du Trou de serrure, au N de la Pointe de la Courtine,
– les failles au sommet de l’arche de la Manneporte, bien visible côté S.
Cette fracturation peut induire une certaine fragilité et une propension à des décollements parallèles à la falaise.

Failles conjuguées sur la face N de la Pointe de la Courtine