La Manche
La Manche (ou Channel des Anglais) est une mer épicontinentale (=reposant sur une croûte continentale) peu profonde (- 172 m au maximum) dont l’origine est assez récente (Pléistocène, -2,6 Ma à – 11 400 ans). Auparavant, au Pliocène (-5,3 à -2,6 Ma), il devait exister une ligne de rivage au niveau de l’actuelle Manche occidentale, mais l’essentiel de sa surface était exondée.
L’origine de la Manche repose sur :
- l’héritage tectonique,
- les glaciations et leur effet sur le niveau des mers (niveau eustatique),
- le réseau hydrographique, particulièrement le Fleuve Manche.
Héritage tectonique
Le système Manche trouve son origine dans une réactivation de failles principales orientées N60° lors de la phase compressive pyrénéenne Eocène / Oligocène. Le résultat est l’ouverture de fossés en demi-graben, comme celui communément appelé Fosse Centrale ou Hurd Deep.
Au niveau du détroit franco-britannique, un pli anticlinal joint le Weald anglais à l’Artois français, c’est l’Anticlinal Weald-Artois.
Les glaciations
Il y a environ 4 Ma, pour des raisons non encore entièrement élucidées, se produit un refroidissement progressif des climats. Les climats oscillent entre une phase froide (=glaciaire) et une phase chaude (=interglaciaire). Cette cyclicité est sous la dépendance des paramètres de Milankovitch. Or, on assiste, au cours du Pléistocène, au passage d’une période dominante de 41 000 ans à une période de 100 000 ans. La transition s’effectue il y a 900 000 ans environ et est appelée Révolution du Pléistocène Moyen (MPR en anglais). Ce changement de rythme va provoquer une évolution différente des calottes glaciaires : avant, elles restent cantonnées aux hautes latitudes; après, elles deviennent massives et « descendent » vers les latitudes moyennes dans l’hémisphère nord.
L’histoire de ces grandes glaciations du Pléistocène moyen-supérieur commence à être aujourd’hui mieux décryptée grâce à des approches multidisciplinaires.
Le cycle glaciaire-interglaciaire est dissymétrique :
- période interglaciaire courte, environ 10 000 ans,
- entrée en glaciation progressive, environ 60 000 à 90 000 ans,
- terminaison glaciaire rapide, moins de 10 000 ans.
La cause principale du phénomène glaciation-déglaciation est la variation de l’insolation d’été dans l’hémisphère nord. Celle-ci fait fondre la glace accumulée pendant l’hiver. Quand celle-ci est elle maximale ?
- quand le solstice d’été est en périhélie (précession faible),
- quand l’excentricité et l’obliquité augmentent.
Le réseau hydrographique fossile
La sismique marine a permis de cartographier des réseaux hydrographiques de bas-niveau marin (ou paléovallées, en vert sur la figure) qui se sont mis en place au cours du Pléistocène dans la partie orientale de la Manche.
Les principales glaciations sont chronologiquement :
- le complexe cromérien,
- la glaciation elstérienne,
- la glaciation saalienne,
- la glaciation weichselienne.
L’analyse des formes d’érosion (des paléovallées en particulier) et des dépôts sédimentaires permet de distinguer schématiquement, au cours des 500 000 années précédentes, les phases suivantes :
- La Manche pré-elsterienne,
- L’espace Manche et le lac glaciaire de l’Elsterien (glaciation de -465 à -418 ka),
- La méga-inondation,
- La Manche des interglaciaires holsteinien et saalien inférieur,
- L’espace manche au cours du Saalien supérieur (glaciation de -160 à -140 ka),
- Le Fleuve Manche au cours de la dernière glaciation (-25 à -20 ka).
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