La géomorphologie littorale
La Côte d’Albâtre s’étend sur 140 kilomètres, de l’estuaire de la Seine à l’estuaire de la Somme. Cette dénomination fait uniquement référence à la couleur blanche de l’albâtre. Les falaises dessinent une muraille de 30 à 110 mètres de hauteur (moyenne 70 mètres) principalement taillée dans les couches de craie du Crétacé supérieur, mais d’autres couches du Jurassique supérieur et de l’Eocène sont également présentes.
Ces falaises s’abaissent par endroits, entaillées par une trentaine de vallons suspendus, appelés localement valleuses, ou par des vallées atteignant le niveau de la mer, parfois drainées par un cours d’eau (Valmont, Durdent, Dun, Saâne, Scie, Arques, Yères, Bresle).
La falaise recule, de 10 à 50 cm par an, en moyenne 20 cm/an, mais de manière très irrégulière dans l’espace et dans le temps, généralement du fait d’effondrements brutaux de plusieurs centaines de mètres cube. En reculant, la falaise dégage un platier rocheux à son pied, de pente très faible (2%). Les basses mers de vive-eau découvrent parfois un abrupt de plusieurs mètres de hauteur lorsque des niveaux durcis (hard-grounds) sont présents dans la craie. Des incisions profondes, appelées « carniaux« , sont disposées dans le sens de la pente, abritant une riche faune.
L’évolution de la falaise s’est réalisé sous la dépendance des phénomènes climatiques alternants au cours du Quaternaire :
- le recul de la falaise est maximal en période de niveau haut interglaciaire;
- le creusement des valleuses est maximal en période de niveau bas glaciaire.
Les cavités karstiques de la craie sont recoupées par la falaise, ce qui offre d’excellentes conditions d’observation et d’analyse des processus de karstification.
Le recul de la falaise récent (interglaciaire actuel) peut, sous certaines conditions, recouper l’amont de valleuses édifiées au dernier glaciaire. Deux beaux exemples en sont donnés par la valleuse d’Ignauval près du Havre et la valleuse de Jambourg à Etretat.
Sous l’effet de la houle et des marées, la mer transporte et dépose sur le platier des placages détritiques, se répartissant granulométriquement selon le degré d’énergie et la survenue de tempêtes :
– cordons de galets en haut de plage, d’une quinzaine de mètre de largeur et de l’ordre de 2 à 3 mètres d’épaisseur.
– sables de bas de plage, d’environ 1 mètre d’épaisseur, surtout abondants et continus entre Saint-Valéry et Dieppe.
Selon leur profil, 4 grands types de falaises peuvent être distingués :
- les falaises verticales ou falaises simples, découpées dans les craies homogènes (ex. Etretat), s’observant sur environ 70 km,
- les falaises à replat ou falaises à piédestal, lorsqu’une craie plus marneuse s’intercale (ex: Senneville),
- les falaises à pied d’argile, lorsque les marnes kimméridgiennes ou/et albiennes affleurent (ex. Cauville),
- les falaises à chapeau d’argile, lorsque les argiles et lignites de l’Eocène sont préservées (ex. Varengeville, Bois des Communes).Sur l’évolution du littoral normano-picard de la Manche, consultez la base de données en-ligne du ROLNP.
Le trait de côte actuel n’est que la résultante ultime de l’ouverture progressive de la Manche actuelle que les glaciations quaternaires ont patiemment modelée.
Le trait de côte et image du platier – source ROLNHF