Du silex au galet
Ils sont des milliards. Pourtant, chacun d’entre eux, ramassé sur la grève, est un objet unique. Les galets ont été conçus, il y a des dizaines de millions d’années dans leur matrice de boue crayeuse. Puis, un jour, la craie les accouchés. Ils ont été livrés à eux-mêmes, subissant les avanies de l’eau et de l’air. Cognés, caressés, agressés, ils se sont adaptés dans leur forme et leur composition. Chaque galet a sa propre histoire. Parfois, quand les empreintes du temps sont préservées, il devient possible de la restituer.
L’héritage du galet
Avant de se retrouver « en famille » dans un cordon littoral, le jeune galet (ou le vieux silex) peut être issu de différents ensembles sédimentaires :
directement d’une masse de craie éboulée. La houle l’a débarassé de sa gangue de craie, l’a lavé et emporté vers des niveaux d’altimétrie inférieure. La forme originelle du silex va évoluer par abrasion ou attrition, c’est-à-dire par un enlèvement modéré de matière, mais répété de multiples fois, suite à des chocs.
On peut reproduire expérimentalement le processus, en choquant deux silex (ou deux galets). Le résultat dépend de la masse des objets, de leur vitesse relative et de la position du point d’impact. Un choc violent brise le silex en morceaux avec une cassure conchoïdale (voir la littérature sur le débitage des silex).
Dans la nature, dans un cordon littoral, l’énergie est communiquée par le mouvement de l’eau qui entraîne le silex, particulièrement au moment du déferlement de la houle. Le choc est tamponné partiellement par la lame d’eau intermédiaire entre les deux silex. C’est un choc modéré qui ne s’accompagne que par un enlèvement de matière, millimétrique ou centimétrique au plus.
Les marques laissées sont appelées marques de percussion (percussion marks en anglais). La forme la plus typique est en arc de cercle et ressemble à celle que laisserait un ongle pénétrant dans de la pâte à modeler. On les appelle donc des marques en coup d’ongle. De telles marques existent sur les grains de sable éoliens (question d’échelle). D’autres marques ont la forme de dièdres linéaires. L’angle d’incidence du choc pourrait expliquer ces différences.
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