Les plis
Principaux plis
La craie du Pays-de-Caux est accidentée par de grandes failles mais également par des plis à large rayon de courbure. Certains de ces plis se poursuivent et s’observent en falaise, d’autres au contraire s’atténuent ou disparaissent (anticlinal du Bray). Les principaux axes visibles en falaise, d’orientation NW-SE, sont d’W en E :
- le synclinal du Cap d’Ailly (au coeur, le Campanien inférieur),
- l’anticlinal de Penly ou de Berneval – Londinières (ABL sur la carte, au coeur les couches basales du Turonien),
- le synclinal de Criel, emprunté par la rivière Yères (sur le platier, base du Coniacien inférieur),
- l’anticlinal du Tréport (au coeur, couches basales du Turonien).
Périclines
Les périclines sont des plis tectoniques (anticlinaux, synclinaux) courts, c’est-à-dire aux extrémités plongeantes (cette définition, dans ce contexte, n’a rien à voir avec le minéral éponyme).
Il revient à Mortimore (Mortimore & Pomerol, 1997; Mortimore, 2010) d’avoir mis en évidence des alignements de périclines disposés en échelon. Cette observation a été rendue possible grâce à l’étude précise des isohypses de certains niveaux-repères, par exemple la marne Bridgewick (cf. Mortimore, 2010, fig. 38). Deux alignements sont remarquables :
- l’alignement South Downs – Artois,
- l’alignement Chenal de Bristol – Faille du Bray (périclines de Sandown et de Brixton).
La disposition, en échelons obliques, de l’axe des périclines par rapport à l’alignement de la bande plissée, rappelle celle des fentes de tension ou des failles secondaires dans les couloirs de cisaillement. Les profils sismiques montrent parfois (Mortimore, 2010, fig.73) que des contacts anormaux hercyniens majeurs se situent à l’aplomb des alignements de périclines. Les plis en échelon traduiraient dans la couverture un rejeu décrochant de ces failles anciennes.
Un certain nombre d’exemples montrent une corrélation nette entre la disposition cartographique des périclines et les caractères de la sédimentation qui les accompagne. Ainsi, au niveau des dômes (anticlinaux de croissance, sensu Mortimore), la sédimentation est plus condensée, avec des hardgrounds et une disparition des niveaux marneux. Au contraire, au niveau des brachysynclinaux, il se produit un gain sédimentaire. La tectonique aurait donc un effet de modification ou de régénération de la topographie du fond sous-marin, pendant le dépôt de la craie ou, plus précisément, pendant certaines périodes du dépôt de la craie.
Cette tectonique vivante dans la mer de la craie est plus sensible en certaines parties du bassin héritées de zones fragilisées du substratum. Mortimore la qualifie de « growth-tectonics » (tectonique de croissance, mais l’acception de ce terme ne semble pas très partagée dans le domaine de la géologie structurale, il s’agit plutôt de tectonique synsédimentaire). Il cite d’autres exemples en Europe nord-occidentale.
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