Un éboulement de falaise a été constaté le 13 avril 2023 et rapporté dans le Courrier Cauchois.

A la fin du mois de mars 2023, la falaise au SW d’Ault a subi plusieurs éboulements, localisés principalement en face de la rue Mariage, du boulevard circulaire et du blockhaus en bord de falaise.
Une partie de ce dernier est aujourd’hui en surplomb. Sa chute pourrait entraîner des dommages aux maisons situées à proximité.
La presse (francetvinfo, France 3, TF1, site municipal d’Ault) a relaté ces événements.
Cette falaise est entièrement coniacienne, avec les premiers Micraster de cet âge situés à la base (visite du 11 février). L’éboulement a affecté toute la hauteur.
La presse locale relate un éboulement survenu au Cap Fagnet (Fécamp) le mercredi 22 février 2023 vers 21h30, affectant le haut de la falaise sur une largeur de 40 mètres et une profondeur de 15 mètres. Un phénomène de cette importance n’était pas advenu depuis plusieurs dizaines d’années (excepté celui, plus mineur, survenu à l’Est de la Porte à la Reine). Le cliché montre que c’est surtout la partie coniacienne de l’imposante falaise qui s’est détachée (approximativement entre les HGs Senneville du Turonien supérieur et la marne Shoreham de la limite Coniacien inférieur/Coniacien moyen), à laquelle s’ajoutent des colluvions.
On remarque que le volume détaché formait une faible excroissance et était limité par une fracturation.
Voici un beau cliché nocturne de l’éboulement et également une vidéo remarquable faite par drone par « Lefebvre Image« .
Pour avoir plus d’informations géologiques sur le Cap Fagnet.
Un éboulement récent (mardi 24 janvier 2023 ?) a été photographié par drone par Guillaume Lefebvre (« Lefebvre Images »). Il affecte le Coniacien inférieur et le Coniacien moyen que l’on peut suivre entre St.-Pierre et Les Grandes Dalles.
Ce lieu a déjà été le théâtre d’autres éboulements, comme celui-ci à 50 m à l’Ouest du précédent (on peut faire le raccord entre les 2 clichés et voir la zone préservée).
Guillaume Lefebvre a publié une vidéo réalisée au drone de cet éboulement.
Dans la nuit du 28 au 29 novembre 2022, un éboulement s’est produit à 100 m à l’Est de l’épi de Saint-Pierre-en-Port. Il affecte tout le Coniacien inférieur. Le précédent éboulement s’était produit du côté ouest de la valleuse, au printemps dernier.
Signalement et cliché de P.-P. Ambroselli.
La presse locale et les réseaux sociaux rapportent qu’un éboulement s’est produit vers 13 heures le jeudi 17 novembre à Criel-sur-Mer, emportant un modeste pan de falaise sous la rue du Chewington, à l’angle de la rue Cyriaque Colliez.
Ce site urbanisé fragile est partiellement interdit à toute circulation depuis 2013.
Les fortes pluies qui étaient tombées les jours précédents (et le matin même où nous y étions pour étudier le passage Turonien – Coniacien) sont une cause majeure du déclenchement de cet événement.
Entre ces deux sorties de terrain effectuées le 23 novembre 2021 et le 15 avril 2022, à la valleuse de Saint-Pierre-en-Port, un éboulement s’est produit, côté ouest.
La date exacte n’est pas précisée, mais au vu de l’état de l’état des blocs, l’événement a pu se produire au cours du premier trimestre 2022.
Comme bien souvent, aucun indice évident ne permettait d’en prévoir l’imminence.
Les falaises de chaque côté de la valleuse de Saint-Pierre-en-Port offrent la particularité de permettre l’observation du passage entre deux étages géologiques, le Turonien et le Coniacien.
C’est la raison pour laquelle, avec Jérôme Girard, nous portons un intérêt particulier pour la visite de cette localité.
La limite Turonien- Coniacien est également visible entre Puys et Dieppe, à Criel-sur-Mer et à Etretat.
La Commission Internationale de Stratigraphie fixe cet événement à – 89,8 ±0,3 millions d’années, à l’apparition de l’inocérame Cremnoceramus rotundatus (et non plus à l’apparition de l’ammonite Forresteria petrocoriensis).
La quasi-absence d’ammonites au cours de cette transition dans le bassin anglo-parisien fait reposer la stratigraphie macrofaunistique essentiellement sur les Echinides. Le genre Micraster avec ses subtiles différences spécifiques en est le champion (travaux de M. Fouray).
D’autres approches participent à une meilleure définition de la limite d’étage.
Citons la géochimie isotopique avec l’événement isotopique léger du 13C ou la micropaléontogie avec les microcrinoïdes rovéacrinidés.
Plus généralement, les modifications lithologiques (stratigraphies événementielle et séquentielle) sont les guides privilégiés sur le terrain, à l’échelle du bassin sédimentaire.
De l’autre côté de la Manche, la limite des deux étages est placée conventionnellement au sommet des hardgrounds Navigation, au niveau des « marnes Navigation » ténues. Dans le Pays de Caux, ces lits détritiques ne semblent pas exister et un faciès présumé dolomitique leur est substitué.
La presse locale (Le Courrier Cauchois) rapporte qu’un éboulement s’est produit dans la nuit du 6 au 7 janvier 2022 à Veulettes.
La vidéo suivante est un extrait publié sur son site.
La zone de l’éboulement (non encore visitée) est positionnée au niveau ou à proximité d’une grande cavité karstique connue sous le nom de « Grotte des Grès« . La masse éboulée affecte l’intégralité du Coniacien supérieur. Cet intervalle stratigraphique peut être suivi entre le Val Saint-Martin et l’Est de Veulettes.
Dans la nuit de la nouvelle année et encore jusqu’à midi le 1er janvier, des éboulements se sont produits, entre le précédent éboulement et la Pointe de la Courtine.
La vidéo suivante, prise du sommet de la Pointe de la Courtine, a été enregistrée par le petit-fils d’Arsène Caprin et mise en ligne sur Facebook.
Ce lieu n’avait pas subi d’éboulement d’une telle importance depuis de nombreuses années. Les répliques latérales à partir d’un éboulement initial sont assez communes. La presse locale rapporte cet événement.
Cette vue aérienne de Charles Marignan (shark-aero.fr) a également été publiée sur Facebook.
Clichés anciens, antérieurs à l’éboulement
Les niches d’arrachement des différents éboulements montrent que le phénomène concerne toute la hauteur de la falaise. Le contour des niches est symétrique et parabolique (et non de la forme d’un dièdre comme c’est souvent le cas). La taille maximale des blocs atteste d’une épaisseur arrachée de l’ordre de 2 mètres, c’est-à-dire relativement épidermique.
L’une des causes de ce mouvement de terrain peut être recherchée dans la fracturation tectonique qui affecte globalement le secteur d’Etretat. Des failles avec rejet sont repérables en plusieurs endroits. Elles ont une direction armoricaine N150-N160, c’est-à-dire qu’elles ont une faible obliquité par rapport à l’orientation générale de la falaise, par exemple :
– la faille au S de la Roche Trouée (N de la valleuse d’Antifer),
– les failles à l’E du Trou de serrure, au N de la Pointe de la Courtine,
– les failles au sommet de l’arche de la Manneporte, bien visible côté S.
Cette fracturation peut induire une certaine fragilité et une propension à des décollements parallèles à la falaise.