Quand la falaise s’effondre sur la limite Turonien – Coniacien

Valleuse de Saint-Pierre-en-Port : clichés du 23 novembre 2021 et du 15 avril 2022

Entre ces deux sorties de terrain effectuées le 23 novembre 2021 et le 15 avril 2022, à la valleuse de Saint-Pierre-en-Port, un éboulement s’est produit, côté ouest.
La date exacte n’est pas précisée, mais au vu de l’état de l’état des blocs, l’événement a pu se produire au cours du premier trimestre 2022.
Comme bien souvent, aucun indice évident ne permettait d’en prévoir l’imminence.
Les falaises de chaque côté de la valleuse de Saint-Pierre-en-Port offrent la particularité de permettre l’observation du passage entre deux étages géologiques, le Turonien et le Coniacien.
C’est la raison pour laquelle, avec Jérôme Girard, nous portons un intérêt particulier pour la visite de cette localité.
La limite Turonien- Coniacien est également visible entre Puys et Dieppe, à Criel-sur-Mer et à Etretat.
La Commission Internationale de Stratigraphie fixe cet événement à – 89,8 ±0,3 millions d’années, à l’apparition de l’inocérame Cremnoceramus rotundatus (et non plus à l’apparition de l’ammonite Forresteria petrocoriensis).
La quasi-absence d’ammonites au cours de cette transition dans le bassin anglo-parisien fait reposer la stratigraphie macrofaunistique essentiellement sur les Echinides. Le genre Micraster avec ses subtiles différences spécifiques en est le champion (travaux de M. Fouray).
D’autres approches participent à une meilleure définition de la limite d’étage.
Citons la géochimie isotopique avec l’événement isotopique léger du 13C ou la micropaléontogie avec les microcrinoïdes rovéacrinidés.
Plus généralement, les modifications lithologiques (stratigraphies événementielle et séquentielle) sont les guides privilégiés sur le terrain, à l’échelle du bassin sédimentaire.
De l’autre côté de la Manche, la limite des deux étages est placée conventionnellement au sommet des hardgrounds Navigation, au niveau des « marnes Navigation » ténues. Dans le Pays de Caux, ces lits détritiques ne semblent pas exister et un faciès présumé dolomitique leur est substitué.