Le 27 juillet 2024 un effondrement de falaise a été observé à Octeville au Sud de la descente de l’OTAN (actuel Aquacaux). Il implique essentiellement la partie supérieure comportant la craie cénomanienne, mais surtout l’épaisse couverture d’argile à silex. La presse écrite et télévisuelle a largement rendu compte de l’événement. Le recul s’est surtout ressenti en haut de falaise avec le grignotement du sentier des douaniers et l’effondrement de deux blockhaus déjà partiellement en surplomb.
Vidéo de Romain Fournier montrant des répliques succédant à l'effondrement primitif
La dérive littorale le long du Pays de Caux est un processus naturel causé par les vagues et les courants qui déplacent le sable et les sédiments le long de la côte. Dans cette région, la dérive littorale agit généralement d’ouest en est, sous l’influence des vents dominants et des courants marins. Les galets et les sédiments sont transportés par les vagues le long de la côte, créant des formations telles que des plages en pente, des cordons de galets et des falaises érodées. L’érosion côtière peut menacer les infrastructures côtières et les habitations et les zones de loisirs, ainsi que perturber les écosystèmes côtiers. Pour lutter contre les effets néfastes de la dérive littorale, diverses mesures de gestion côtière ont été mises en place dans la région, telles que la construction de digues, de brise-lames, de récifs artificiels et d’épis côtiers. Les épis côtiers sont des structures perpendiculaires au littoral qui interceptent le transport des sédiments dans la zone de déferlement. La structure principale de l’épi est construite à l’aide de matériaux résistants tels que des roches, du béton ou des structures géotextiles. Ces matériaux sont empilés ou coulés en place pour créer une barrière solide contre les vagues. Ici, on peut voir que des palplanches ont été battues avant de recevoir un couronnement de béton. Avant les travaux, une étape préliminaire est l’évaluation des conditions côtières. Elle implique une analyse détaillée des conditions côtières, y compris les marées, les vagues, les courants, les niveaux d’eau, la topographie et le type de sol. Ces informations aident à comprendre les causes de l’érosion et à déterminer le meilleur emplacement pour les épis. Des modèles numériques peuvent être utilisés pour simuler l’impact des épis sur les conditions côtières. Ces modèles peuvent prédire comment les épis affecteront les courants, la sédimentation et l’érosion. Les épis côtiers peuvent avoir des effets variés sur l’évolution de la falaise, à la fois positifs et négatifs :
On constate ici une érosion accrue en aval : les épis côtiers peuvent interrompre le transport naturel des sédiments le long de la côte, ce qui peut entraîner une érosion accrue en aval de la structure. Cela se produit parce que les sédiments qui seraient normalement déposés le long de la côte sont retenus par l’épi, laissant la côte en aval sans la nouvelle couche protectrice de sédiments. A l’amont, il se produit une accumulation de galets, débordant parfois l’épi. A l’aval, le platier est découvert et érodé. La marne Bridgewick est ici très bien dégagée. Seuls quelques gros blocs éboulés résistent au déplacement par les courants. Le bas de la falaise est surcreusé et perforé sous forme de grottes.
Les Récifs du Chicard, entre Yport et Vaucottes. Un lieu sauvage, peu parcouru, des falaises de craie. Une stratigraphie complexe. Mais de beaux exemples de développement karstique : 1) Développement vertical sous forme de puits de dissolution avec remplissage et effondrement de loess et d’argile à silex. La datation des roches continentales du remplissage ne peut pas se faire à l’oeil nu; seules des techniques particulières la permettraient (pollens, radioisotopes, racémisation des acides aminés..). 2) Développement horizontal sous forme de galeries, par blocage de l’écoulement sur des horizons stratigraphiques imperméables (ici un hardground, ailleurs un silex ou un sheet-flint, cf. certains articles récents). Et un exemple de puits de dissolution évidé recoupé obliquement par la falaise.
Ce cliché par drone de G. Lefebvre montre la forme subcirculaire et le diamètre en surface des puits de dissolution, partiellement curés en bordure de falaise (le blockhaus donne l’échelle).
La succession lithologique du Cénomanien du littoral, issue d’une présentation faite le 9 mai 2023 (150 ème anniversaire de la S.G.N.A.M.H.). Le contenu paléontologique a fait l’objet d’une autre présentation réalisée par N. Cottard et J. Girard.
Un éboulement est survenu vendredi matin 19 août 2022 à Saint-Pierre-en-Port. La falaise en cet endroit est taillée dans le Coniacien inférieur et moyen. Cette belle photo a été prise au drone et publiée dans Facebook par Lefebvre Images.
Le Réseau national d’information sur les séismes (RéNAss) signale un séisme superficiel de magnitude 3 MLv, enregistré le 27 juin 2022 à 17 h 55 (heure locale), dont l’épicentre est localisé en mer au Sud de Dieppe.
Le Réseau d’observation du littoral de Normandie et des Hauts-de-France vient de mettre à disposition sur le web les prises de vue haute résolution du littoral de la Normandie et des Hauts-de-France, acquise en septembre 2020, ce qui en fait le référentiel interrégional le plus récent sur la façade de Normandie et des Hauts-de-France. Ceci dans le cadre de la Stratégie de suivi du littoral.
Sur la base d’imagerie à 10cm de résolution, le service web permet d’accéder à une mosaique d’images littorales en offrant de meilleures performances d’affichage et de diffusion des données.
Les prises de vue sont diffusées sur son serveur cartographique selon la spécification WMTS (Web Map Tile Service) de l’OGC (Open Geographic Consortium). Une application web cartographique permet de suivre le trait de côte sur une largeur conséquente. Les prises de vue ayant été réalisées à basse mer, on dispose ainsi d’une vision du platier la meilleure ayant été publiée à ce jour. Le géologue stratigraphe pourra donc y repérer les bancs repères qu’il identifie en falaise.
Nous avons déjà évoqué sur ce site la célèbre décharge qui défigure la falaise au Nord du Havre. Avant d’effectuer un curage de cet énorme cône de détritus, un chantier a été ouvert pour évaluer la faisabilité de l’opération. La télévision publique régionale et la presse écrite en rendent compte.
Quelle sera l’incidence à court et moyen terme des excavations pratiquées à la base de la falaise ? Ce sera également un test de stabilité de mécanique des sols qu’il sera intéressant de suivre.
C’est un secteur souvent ignoré des promeneurs, entre la Porte d’Amont et la valleuse d’Etigue. Cinq kilomètres entre les deux accès, difficiles à parcourir sur les lapiés tranchants ou les blocs glissants. Mais, il comporte deux beaux pitons marins, le Roc Vaudieu et la frêle Aiguille de Belval, qui n’ont rien à envier à leur célèbre voisine l’aiguille d’Etretat. En face de l’Aiguille de Belval subsiste un cap et un récif qui témoignent d’une même avancée vers la mer, aujourd’hui déchiquetée. A l’Est, protégée des courants par le cap, la Fontaine aux Mousses développe un vaste cône de travertins. Le Cap de Belval (appelons-le ainsi puisqu’aucune toponymie n’est figurée par l’I.G.N.) est intéressant stratigraphiquement car il est associé à un monticule sédimentaire assez plat qui fait remonter le Turonien supérieur au-dessus de l’estran. Au cours d’une dernière visite, un éboulement important a été constaté sur une largeur d’une cinquantaine de mètres et une projection d’une quarantaine de mètres vers la mer. Il n’a pas encore été signalé à notre connaissance. Le Coniacien inférieur jusqu’à la marne Shoreham a été emporté, recouvrant le Turonien supérieur.
Les falaises de Douvres (UK), entre Samphire Hoe et le port, formées de craies du Cénomanien et du Turonien sont fragiles, tendres, avec peu de silex. Comme leurs homologues de Seaford et de Birling Gap, elles ont été, cet hiver pluvieux, l’objet de nombreux éboulements souvent spectaculaires. La capture vidéo de ces événements est exceptionnelle, bien que l’usage du smartphone la rende plus aisée. Ainsi, cette vidéo dont l’auteur n’est pas mentionné a été diffusée sur BBC South-East. On remarquera que la falaise est découpée par des joints parallèles, d’origine tectonique, appelés « master-joints » (joints-maîtres affectant toute la hauteur de la falaise). Ces joints (ou diaclases) sont des surfaces de rupture et de décollement privilégiées, surtout lorsque leur direction (orientation) avoisinne le trait de côte. La rupture s’accompagne très vite d’une désorganisation et d’un émiettement du bloc effondré, a contrario de l’éboulement filmé de Saint-Jouin-Bruneval.