Heve_Nord

Entre le phare de la Hève
et la décharge du Clos des Ronces

Le Havre est l’une des extrémités de la longue muraille de craie qui s’interrompt vers le NE aux abords de l’estuaire de la Somme. Le point de départ de la falaise littorale se situe au Cap de la Hève, au lieu-dit le Bout-du-Monde. Il s’agit d’un cul-de-sac aménagé en parking, dominé par les grandes paraboles de télécommunications dites « Les Grandes Oreilles » et par le phare de La Hève.
Les couches de craie observables appartiennent à la partie inférieure du Cénomanien. Elles occupent la partie moyenne de la falaise vive (falaise verticale), superposées à la formation argilo-marneuse albienne, dite Gaize, et recouvertes par la formation superficielle cénozoïque, dite Argiles à silex.
Entre le Havre et le Port d’Antifer, la falaise verticale est précédée vers la mer par un talus irrégulier, qualifié généralement et improprement de préfalaise, constitué à la fois de terrains en-place et de terrains affaissés ou éboulés. L’accès direct à la craie au niveau de la falaise verticale est rarement possible, sauf disposition particulière des cônes d’éboulis. L’observation de près et l’échantillonnage sont heureusement facilités par l’affaissement d’énormes panneaux (décamétriques ou hectométriques) jusqu’au niveau de la plage. Il est plus commode et plus prudent de s’y attarder, en essayant de rattacher la stratigraphie de ces blocs avec celle de la falaise en-place. Les interprétations photographiques suivantes ont été faites de cette manière et elles présentent un certain caractère hypothétique.
Les accès directs à la plage sont peu nombreux sur le littoral au N du Havre. La première valleuse qui autorise une descente en voiture est celle du Port d’Antifer (aménagement artificiel). Dans cet intervalle, de rares descentes ont été l’oeuvre d’habitants ou de pêcheurs, profitant d’une disposition locale favorable du talus d’éboulis. Les intempéries ou les glissements de terrain les ont parfois détruites. Leur caractère temporaire, voire périlleux, est à prendre en considération.
En partant du Havre (Cap de la Hève), la première descente est celle de Saint-Andrieux (anciennes citernes d’essence de la base OTAN, aujourd’hui siège de l’association Aquacaux). La distance d’environ 5 kilomètres peut être pénible si l’on envisage un aller-retour. Il est donc préférable de scinder le circuit en deux, en prenant comme repère intermédiaire l’ex-décharge du Clos des Ronces, facilement identifiable sur le terrain par des amas de ferraille.
Un parking automobile est possible au lieu-dit le Bout du Monde (49°30.51’N, 0°4.13’E). Entre le départ de la promenade et la décharge du Clos des Ronces, la distance est d’environ 2 km.
La plupart des coupes présentées ne sont pas accessibles de près, du fait de l’impraticabilité du talus d’éboulis. Les clichés photographiques zooment sur la falaise verticale. Heureusement, quelques gros blocs effondrés jusqu’au cordon de galets permettent une étude plus précise et la fouille paléontologique. Du fait de l’altération de la craie et d’importants coulis d’argile à silex, les couches de craie sont assez mal différenciables. Pour distinguer les grands ensembles, on pourra se servir des niveaux marneux (liserés clairs) et de la présence de silex noirs et gris.

Une grande partie des pages suivantes qui traitent du Cénomanien sont obsolètes. Depuis leur écriture, un travail de synthèse a été réalisé et a trouvé sa conclusion dans un ouvrage intitulé  : « Le Cénomanien du littoral normand, entre la Valleuse d’Antifer et le Cap de La Hève » co-signé avec Jérôme Girard et Nicolas Cottard. Publié dans la revue en-ligne « Carnets geol. », cet ouvrage est téléchargeable.

De fortes variations latérales affectent le Cénomanien sur les 22 km qui séparent le Bout-du-Monde de la Valleuse d’Antifer. Les épaisseurs et la lithologie sont très variables.

 

De manière synthétique (nombreuses variations latérales), on rencontre, de bas en haut :

  • le conglomérat basal à galets verdis; le terme de tourtia ( genre masculin) lui est appliqué (désignation des mineurs du Nord de la France);
  • la  glauconitite inférieure riche en Spongiaires (Discodermia agariciformis, Elasmostoma babtismalis, Plectroninia assindiae, Guettardia stellata), Bivalves (Rastellum carinatum, Chlamys aspera), Brachiopodes (Cyclothyris compressa)
  • la  glauconitite médiane à silicification en boules
  • la  glauconitite supérieure à crippsi
  • un hard-ground, le HG Bléville 1 = HG St.Jouin (Juignet, 1974,p.191);
  • la marne Epaville 1 grossière avec des nodules de limonite;
  • craie bioclastiques  patine jaune ou ocre (altération superficielle)
  • la marne Epaville 2
  • craie bioclastique surmontée du HG Bléville 2
  • les marnes Epaville  supérieures (3 principales);
  • les silex Brière ou biostrome à  Spongiaires et Mariella à Eponges, gris clair, mal stratifiés (2 à 3 bancs coalescents), formant souvent un petit surplomb – Un réseau dense d’Eponges tubulaires est souvent bien apparent à sa partie supérieure. Faune : Mantelliceras aff. saxbii et Mariella essenensis.
  • la couche claire Tronquay, plus ou moins marneuse, sur un niveau d’érosion, parfois lardée de bandes sombres;
  • les couches basales des silex Heuqueville, d’épaisseur variable, affectées de paramoudras – Faune : Mantelliceras saxbii. Les ammonites sont abondantes à la base.
  • les silex Heuqueville inférieurs, avec le silex basal Ignauval
  • les silex Heuqueville médians avec marnes Tanville
  • les silex Heuqueville supérieurs
  • la marne Poterie, riche en petits échinides écrasés.
  • les silex gris Poterie, en bancs mal formés majoritairement gris,
  • les silex Bruneval inférieurs avec le silex St-Andrieux basal
  • les silex Bruneval médians gris
  • les silex Bruneval supérieurs
  • le niveau Bruneval 1, équivalent latéral du HG Bruneval 1
  • les silex Cauville inférieurs
  • les silex Cauville médians
  • les silex Cauville supérieurs
  • le hard-ground Bruneval 2 dont la face supérieure est enduite de limonite.

Dans la préfalaise, on examiera la flore et la faune :
Renouée du Japon, Trèfle velu, Tamaris, Carotte sauvage, Clématite des haiesLyciet de Barbarie, Bugrane rampante, Plantain corne-de-cerf, Criste marine, Crambé maritime et de nombreux insectes : Azuré commun.

Les coupes

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Extrémité « Le Bout-du-Monde »

Coupe AS30.56N – esplanade-parking du Bout-du-Monde
Bloc AS30.65N -HG Bruneval 3
Coupe AS30.66N : pinacle
Coupe AS30.68N
 : paramoudras de grande taille
Bloc AS30.70N : HG Bruneval 1, au S du blockhaus effondré
Coupe AS30.73N
 – Au N d’un grand panneau effondré
Coupe AS30.84N : falaise vive
Bloc AS30.98N : le HG Bruneval 3
Coupe AS31.04N
Coupe AS31.08N
Coupe AS31.13N : falaise au Sud de l’éboulement récent
Coupe AS31.17N : le vallon d’Ignauval et la galerie d’évacuation des eaux pluviales
Bloc AS31.22N : Banc à Eponges Brière et Mariella essenensis
Coupe AS31.31N : bas de falaise en place, paramoudras de grande hauteur
Coupe AS31.40N : en place, approche difficile, pour comparaison avec les blocs suivants
Bloc AS31.46N : panneau gros comme une maison, basculé, belle coupe, terriers en réseau polygonal
Bloc AS31.48N : intéressant pour le paléontologue, niveau à Mantelliceras aff. saxbii
Bloc AS31.51N : intéressant pour le contact de base du Cénomanien (tourtia à éponges)
Coupe AS31.55N : vue de la falaise vive
Bloc AS31.58N
Ex-décharge du Clos des Ronces : dépôt anthropocène.
Bloc AS31.73N : La fausse Porte du Clos des Ronces

Extrémité Le Clos des Ronces

En allant du Cap de la Hève au Port d’Antifer, on observe la surface de transgression du Cénomanien sur la gaize albienne. Cette surface n’est pas plane, mais irrégulière, comme en rend compte Juignet (1974).

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