Carrière de Saint-Vigor d’Ymonville
La carrière des cimenteries Lafarge à Saint-Vigor d’Ymonville était la plus importante des extractions de craie actives de Normandie. Sa vocation primaire était la fabrication de ciment, et secondairement la production de granulats, l’aérofall, sous-produit issu du broyage de craie et de silex.
Lors de son activité, nous avons eu l’opportunité d’en faire la visite grâce à Messieurs Kamel Dian, responsable d’exploitation, et Arnould Houllier.
Les fronts de taille couvrent des altitudes comprises entre +6m et +110m. L’épaisseur productive est d’environ 80 mètres, car une importante découverte d’argiles à silex et de limons loessiques doit être éliminée avant l’extraction de la craie.
L’ensemble du front crayeux est utilisé et le matériau est transporté par bandes jusqu’à l’usine à environ 3 km au Sud. Du point de vue du carrier, le front est subdivisé en 3 étages de qualité :
Craie A : « étage » supérieur constitué de craie à silex. Géologiquement parlant, ces craies vont du hard-ground Tilleul (Turonien moyen) à la craie de Seaford (Coniacien moyen). Cette dernière n’existe qu’au niveau du front le plus élevé.
Craie B : « étage » médian constitué de craie sans silex. Géologiquement parlant, ces craies vont de la base des hard-grounds Antifer (Cénomanien terminal, zone à Actinocamax plenus) à la marne Southerham (limite Turonien moyen – Turonien supérieur) non touchée et non vérifiée.
Craie C : « étage » inférieur constitué de craie à nombreux silex. Géologiquement parlant, ces craies vont du hard-ground Rouen 1 (limite Cénomanien moyen – Cénomanien supérieur) au début des hard-grounds Antifer (Cénomanien terminal).
La présence de silex est un handicap. Le carrier tend à séparer le silex de la craie.
La découverte (limon et argiles à silex) est décapée au bull et à la pelle. Les racines d’altération (appelées alvéoles par le carrier) remplies d’argile à silex (pas de sables tertiaires piégés observés) sont curées à la pelle à godet sur le carreau supérieur, un peu comme des oeufs à la coque. La craie A supérieure est déconsolidée par des tirs de fragmentation, puis exploitée à la pelle. Les craies B et C seront foudroyées par des tirs d’abattage.
Un concasseur mobile, récemment installé, reprend toutes ces craies et les déverse sur la bande transporteuse.
L’extension de la carrière se fait sur le front sud-est.
La coupe la plus comparable sur le littoral est celle qui se développe sous le Cap d’Antifer ou celle approchante de la valleuse du Fourquet. Certains niveaux-repères sont soulignés sur les clichés. Comme nous n’avons pas pu approcher des fronts de taille, leur identification est provisoire mais avec un fort degré de probabilité. En partant du plancher d’exploitation, vers le haut :
- le hard-ground Rouen 2 ou peut-être Rouen 1;
- le silex double Fourquet (remarquer le niveau aquifère juste au-dessus, comparer avec la falaise d’Antifer-Bruneval);
- le silex Antifer, précédé et suivi d’un niveau marneux;
- le silex ultime (nous entendons que les silex disparaissent temporairement au-dessus);
- les hard-gounds Antifer (la séparation entre HG Antifer 2 et HG Antifer 3 semble se faire selon une marne);
- les craies sans silex du Turonien inférieur, avec au moins deux joints marneux qui peuvent correspondre à la marne Pimont d (ou la marne Meads 4 limite entre Cénomanien et Turonien) et la marne Gun Gardens;
- le hard-ground Tilleul (banc hémimétrique dur servant de carreau d’exploitation) avec l’absence des silex Saint-Nicolas;
- la bentonite Southerham probable (ou celle antérieure Glynde 1);
- un niveau de hard-grounds coalescents, pouvant être attribué au Chalk Rock;
- un ensemble à monticules et cuvettes, riche en silex épais et hard-grounds);
- un ensemble à stratification semi-horizontale et à séquences métriques craie-silex, corrélable avec la Craie de Seaford du Coniacien moyen.
Le fond sédimentaire change d’aspect au-dessus du HG Tilleul (présumé). Semi-horizontal au-dessous, il devient ondulé au-dessus. Des monticules et des cuvettes de longueur hectométrique se développent. Il s’agit probablement des dunes hydrauliques.
Le plancher d’exploitation de la carrière correspond probablement au « niveau de Rouen », riche en Ammonites. Chaque participant à la visite (A.Noraz, J.-C. Staigre, J. Girard) a pu récolter une Acanthoceras rhotomagense entière. Sur le cliché, cette ammonite a été fragmentée sous l’effet gel/dégel aux niveau des cloisons séparant les loges.
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