Dieppe_Gobes

Coupe 0390 :Les Gobes Est

Gobes

Coupe 0390

Un certain nombre de galeries ou d’habitations troglodytes, dites les gobes, sont percées dans Dieppe ou la falaise de la côte des Hérons.
Le silex Seven Sisters est bien visible à 2-3 m au-dessus du cordon de galets.
Environ 20 mètres au-dessus, on distingue un ensemble de 3 niveaux de silex épais. Ces silex, et tout particulièrement le silex médian, présentent des anomalies. Ils forment localement des masses globuleuses se projetant vers le haut. Ce type de forme se rencontre, dans le Kent par exemple, et qualifie un niveau de silex appelé « Bedwell columnar« . Ce silex appartient au Santonien inférieur.
Un peu au-dessous de ce triplet, un hard-ground très discret ici doit constituer l’équivalent du HG Veulettes, ou du HG Middleton (Middleton Sponge Bed, Norfolk, Jarvis et al., 2006), ou encore du « Cuckmere Sponge Bed » (Seaford), de manière plus incertaine.
D’autres hard-grounds, plus marqués et érosifs, existent encore dans le haut de la falaise.

A propos des gobes, voici ce qu’écrivait G. Dubosc en 1900 dans « Les Habitations Souterraines en Normandie » :

Plus près de nous, à Dieppe, comment ne pas parler des gobes des falaises ? Il y en a encore cinq ou six du côté du Casino et neuf du côté de la falaise du Pollet, où vivent une trentaine de familles, hommes, femmes et enfants, braves gens, cueilleurs de moules, porteurs de poisson, pêcheurs de crevettes : les Prince, les Malvillain, le père Hermelle. Celui-ci occupe, depuis longtemps, la plus grande des gobes dieppoises, située sous la chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours, au Pollet ; c’est un vrai domaine de cinquante mètres de profondeur, qui se dirige dans la direction du Puys et forme un circuit qu’on met bien une demi-heure à parcourir. Tous ces pauvres gens vivent là tant bien que mal, sans souci des éboulements, toujours possibles, aimant ces logis improvisés, jusqu’au point de ne vouloir point les abandonner quand arrive la vieillesse.

Ces gobes qui donnent asile à toute une population malheureuse, sont, au reste, très connues des étrangers, et ceux-ci, en parcourant la grève, ne sont pas peu étonnés de voir sortir à l’heure du dîner, des tourbillons de fumée de ces antres. L’une d’elles se trouve près de l’atelier de l’excellent peintre de marine Haquette, et l’artiste ne peut compter sur de meilleurs surveillants pour son immeuble que sur les gens des gobes, qui ne toléreraient aucune dépradation dans le domaine de leur voisin.

Il n’y a pas très longtemps que ces gobes sont habitées. Autrefois, ces crevasses servaient seulement de refuges aux contrebandiers de mer qui venaient y décharger la nuit, du sel, du tabac, des porcelaines. La Légende ajoute même que pour ne pas être troublés dans leur besogne nocturne, ils avaient soin de secouer des chaînes, dont le cliquetis effrayait les passants superstitieux, qui croyaient à l’apparition des Dames blanches ou des Gobelins ! Je crois même que ce dernier mot provient de cette dénomination des gobes hantées. La Grotte, du reste, appelle la Légende, et nous pourrions en citer comme exemples les histoires fameuses des grottes d’Etretat, la Chambre des Demoiselles et la légende des jolies filles du château de Trefossé, le Trou à l’homme et le Trou à Romain.

La première locataire libre des gobes dieppoises fut, je crois, une femme, la mère Babet, dont beaucoup de Dieppois se souviennent encore, et qui s’y était installée avant les événements de 1870. C’était un type, une vraie matelotte, dont elle avait gardé le costume et les allures : toujours habillée en homme – vieille vareuse, bonnet bleu sur sa tête grisonnante, la pipe à la bouche et la chique gonflant la joue. Longtemps, elle avait été à la pêche, puis, quand l’âge ne lui avait plus permis de mener ce dur métier, elle s’était réfugiée dans cette crevasse de rocher, allant de temps à autre auprès des gens qui la connaissaient bien, solliciter quelques secours, avec cet accent zézayant qui est la marque du patois polletais. Il y a vingt-cinq ans environ que la mère Babet, première habitante des gobes dieppoises, mourut, âgée de soixante-quinze ans environ, mais l’on voit qu’elle a trouvé des imitateurs. Aussi bien partout où la misère force l’homme à reprendre les moeurs primitives, on le voit abandonner très rapidement les usages de cette civilisation, dont nous sommes si fiers, et ce n’est peut-être pas la constatation la moins curieuse de cette petite exploration à travers les grottes, cavernes, souterrains, trous, crevasses, creux et cryptes de notre vieux pays normand !…

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