Sous-séquence (?) Ce3b (Zone à Mantelliceras dixoni seule à la base de la Zone à Cunningtoniceras inerme)
Elle occupe l’intervalle entre le sommet du HG Bruneval 2 et le sommet du HG Bruneval 3. De Bruneval à Saint-Jouin, on peut la toucher en place, mais elle y est légèrement condensée (un peu plus de 3,5 m). À Heuqueville, les gros panneaux éboulés offrent de bonnes coupes mieux développées (4,45 m). 11 couplets craie/silex peuvent être différenciés.
1 – De Bruneval à Cauville
Au-dessus de la surface ferrugineuse du HG Bruneval 2, on trouve :
- un joint marneux avec graviers remaniés phosphatés fossilifère ayant fourni une faune de céphalopodes très diverse :
– Ammonites : Schloenbachia varians, Hyphoplites avec parfois les reflets irisés de la nacre dont Hyphoplites falcatus, H. curvatus curvatus, H. curvatus aurausioniensis, Forbesiceras obtectum, Acompsoceras renevieri, Mantelliceras mantelli et M. dixoni ;
– Turrilites : Mesoturrilites aumalensis, M. boerssumensis, Hypoturrilites gravesianus, H. tuberculatus et Turrilites scheuchzerianus ;
– Bélemnites : Neohibolites ultimus. - 3 couplets craie marneuse/ silex (épaisseur totale 45 cm). Les silex sont de petite taille et dispersés, de telle sorte que l’ensemble apparaît essentiellement crayeux ;
- un niveau marneux, à Pectens et Pleurotomaires, désigné ici “marne Cayenne” ou “joint Cayenne” car il sert généralement de niveau de décollement dans les blocs éboulés ;
- un niveau de silex épais (40 cm), avec une forme extrêmement découpée, désigné ici “silex Cayenne”. Il semble résulter de l’amalgamation de plusieurs niveaux de silex. La cassure présente un patchwork blanc et noir ;
- 3 couplets craie/silex ;
- une amorce de hardground (ou firmground), désigné FG Guildins ;
- une première passée marneuse ou marne Guildins inférieure ;
- un silex noir semi-tabulaire, le silex Guildins ;
- une seconde passée marneuse, la marne Guildins supérieure ;
- 2 couplets craie/silex bien marqués ;
- craie marneuse sombre à débris de pectinidés (20 cm) ;
- le HG Bruneval 3.
Le HG Bruneval 3 a des caractéristiques assez constantes :
- une épaisseur d’environ 40 cm ;
- une dureté et une cristallinité fortes (aspect de sucre cristallisé) ;
- une coloration assez claire ;
- la présence à sa base d’une craie marneuse à rares silex (environ 20 cm) à Neithea (marne infra-Bruneval 3) ;
- La présence à son sommet d’une craie également pauvre en silex. Ces petits silex isolés sont d’un type tubulaire caractéristique.
Ces propriétés font que ce hardground se détache souvent en relief dans la falaise.
Un gros panneau éboulé en 49°37.34N 0°08.29E (au N de la descente d’Heuqueville) permet d’échantillonner une coupe allant du HG Bruneval 1 au HG Rouen 1. Chronologiquement, c’est en cet endroit, au niveau du sommet du HG Bruneval 3, sous le premier silex sus-jacent, que 2 spécimens de Cunningtoniceras ont été repérés initialement par l’un d’entre nous.
Depuis lors, d’autres Cunningtoniceras ont été récoltés. Ils sont communs dans le HG Bruneval 3, mais ils sont présents dès la marne Guildins inférieure. Ce fossile de zone n’avait pas encore été signalé, laissant sous-entendre jusqu’à présent une lacune sédi- mentaire. Les premières Acanthoceras A. gr. rhotomagense apparaissent dans le HG Bruneval 3, ainsi qu’une Forbesiceras.
Cette découverte replace le début du Cénomanien moyen au HG Bruneval 3 au moins et, plus vraisemblablement, au sommet du FG Guildins.
Sur le littoral, les Cunningtoniceras n’ont pas été récoltés dans le HG Rouen 1, à la différence des coupes de Pavilly et de Rouen.
D’autres faunes sont récoltées dans le HG Bruneval 3 :
- des dents indéterminées ;
- des Crustacés : Ils sont présents sous forme de moules internes, la carapace étant réduite à un enduit farineux. Parmi eux Diaulax oweni, Plagiophtalmus oviformis et Necrocarcinus labeschii ;
- des Échinides : La faune est dominée par les échinides réguliers. Citons Tetragramma variolare, Allomma desori, Salenia petalifera, Hyposalenia clathrata, Glyptocyphus difficilis, Hirudocidaris vesiculosa, Tylocidaris velifera, Cottaldia benettiae, Echinocyphus rotatus. Les irréguliers sont représentés par Discoides subuculus et Rostrogalerus rostratus abondants. Plus rarement on rencontre Pseudholaster sequanicus, Conulus castanea et Holaster aff trecensis ;
- des Crinoïdes : Glenotremites rotundus, ?Isocrinus sp. .
Le HG Bruneval 3 est difficilement corrélable avec d’autres régions (même dans les coupes de Rouen).
Il pourrait s’agir du “Strong limestone” du couplet B39 à Southerham (GALE, 1995), également reconnu à Wunstorf (WILMSEN, 2007b) mais plus vraisemblablement du couplet B33 à Southerham, mais sans Cunningtoniceras reconnu (PAUL et al., 1994). Le sommet du banc calcaire B33 marque la limite entre les séquences Ce III et Ce IV (niveau d’érosion) en Allemagne septentrionale (WILMSEN et al., 2007).
Dans le Boulonnais, le banc crayeux inférieur du repère R11 (AMÉDRO et ROBASZYNSKI, 2001) pourrait être équivalent du HG Bruneval 3.
Remarques :
- il est à noter notre absence de récolte du brachiopode Orbirhynchia mantelliana dont l’occurrence constitue un triple bio-événement reconnu. Le premier niveau attendu (R7 du Boulonnais, AMÉDRO & ROBASZYNSKI, 2001) aurait dû se placer entre le HG Bruneval 2 et la marne Cayenne (les deux autres se situant de part et d’autre du HG Rouen 1) ;
- le joint (marne) Cayenne semble occuper la même position stratigraphique que la marne M II en Allemagne (WILMSEN, 2007b) ou que le repère R8 du Boulonnais (AMÉDRO & ROBASZYNSKI, 2001) ;
- le silex Cayenne fournit Turrilites scheuchzerianus, ainsi que que de grandes ammonites (Parapuzosia). D’autres T. scheuchzerianus sont présents entre le HG Guildins et le silex Guildins. Cet intervalle pourrait être équivalent à l’événement éponyme (scheuchzerianus event) de la Zone à Dixoni décrit en Allemagne (WILMSEN, 2007b) ;
- très hypothétiquement, la marne Guildins inférieure pourrait être comparée à la marne M1b (Meyer Bed) en Allemagne ;
- la marne infra-Bruneval 3 présente des analogies avec le repère 10 du Cénomanien du Cap Blanc-Nez (AMÉDRO & ROBASZYNSKI, 2001). Ce R10 est une marne sombre à perforations directement recouverte par le banc inférieur du repère R11 ;
- les silex tubulaires superposés au HG Bruneval 3, mais existant en moindre abondance au-dessous, résulteraient de l’épigénie de terriers de type Chondrites signalés (mais non silicifiés) dans ces niveaux, en Angleterre et dans le Boulonnais.
2 – Au Sud d’Octeville
- La marne à galets phosphatés à fossiles irisés, au-dessus du HG Bruneval 2 est très bien développée (alors que l’imprégnation ferrugineuse est moindre). Elle constitue un joint de décollement (joint 8) pour de nombreux blocs éboulés, fournissant de nombreuses ammonites.
- L’intervalle entre la marne à galets phosphatés et la marne Cayenne (joint 9) s’épaissit (1,2 m). Ce découpage fournit des blocs assez reconnaissables. D’autre part, l’intervalle s’enrichit en silex : un silex “flammé” (silex à la forme très découpée particulière) basal et 2 silex tabulaires. Entre les silex se développe des “couches à frisure supérieures” ; la plus basse de celles-ci est ferrugineuse, de même type que celle apparaissant dans les silex Cauville supérieurs.
- Le silex Cayenne, toujours très découpé, présente ici un aspect maculé, blanc et noir.