La sous-séquence (?) Ce2b

Sous-séquence (?) Ce2b
  Elle s’étend de la surface d’érosion Poterie au HG Bruneval 1.
  Elle comporte :

  1. la marne Poterie 1 ;
  2. les silex Poterie, subdivisés généralement par une marne plus discrète, la marne Poterie 2 ;
  3. la marne Bruneval 1, une craie marneuse claire ;
  4. les silex Bruneval formés de trois membres, inférieur, médian et supérieur ;
  5. le hardground Bruneval 1 quand celui-ci est présent. Du Nord vers le Sud, ce hardground évolue. D’une puissance de plus d’un mètre au N, il devient imperceptible au S. Cette évolution correspond à une durée de formation variable selon l’endroit. Lorsqu’il est impossible de reconnaître ce hardground, la fixation de la limite supérieure de la sous-séquence devient problématique. Nous verrons sur quels arguments apporter une réponse.

    Des variations latérales conséquentes s’observent dans cette sous-séquence. Elles traduisent des profondeurs du fond variables. Pour les analyser, les observations sont subdivisées en 3 secteurs, du Nord au Sud :
    • le secteur de Saint-Jouin, entre la Valleuse de Bruneval et la descente du Grand Hameau ;
    • – le secteur du Tronquay, entre le Grand Hameau et la descente d’Ecqueville ;
    • – le secteur d’Ignauval, entre la descente d’Ecqueville et le Cap de la Hève.

1. Secteur de Saint-Jouin

  1. La marne Poterie 1 qui surmonte la surface d’érosion Poterie mesure au moins 20 cm d’épaisseur. Elle se démultiplie souvent, en présentant un litage ondulé. Sa teinte est grise, ce qui la différencie des marnes Épaville plus foncées et elle contient de petits graviers. Elle renferme Holaster nodulosus, Epiaster crassissimus, E.distinctus, Discoides subuculus et des nautiles.
  2. Les silex Poterie inférieurs marquent la reprise d’une sédimentation chimique à la suite de la sédimentation détritique. Le sommet de la marne Poterie est fortement bioturbé, avec une silicification progressive. Un réseau hexagonal de type Thalassinoides est parfois présent à la base des silex Poterie. Les silex Poterie sont de teinte gris clair. Le manque de contraste de teinte avec les couches alternantes non silicifiées rend leur stratification moins apparente. Les ammonites présentes sont: Mantelliceras saxbii, M. mantelli et elles peuvent être, tout ou partie, en calcédoine. L’épaisseur est la plus forte au Nord, environ 2 m, à la Valleuse de Bruneval nord où ces silex occupent le platier le plus bas.
  3. La marne Poterie 2 est un second niveau marneux bien différencié dans les coupes au Nord.
  4. Les silex Poterie supérieurs, gris, épais de 0,8 m à Bruneval. L’ensemble des silex Poterie perd régulièrement de l’épaisseur en direction du Sud.
  5. À leur partie supérieure, les silex Poterie se trouvent envasés par une craie marneuse jaune clair. Cette marne, désignée ici marne Bruneval 1, forme parfois une encoche dans la falaise (Le Grouin).
  6. Les silex Bruneval sont une suite de bancs à faciès ubiquiste. La limite supérieure des silex Bruneval est définie par un changement sédimentaire qui est très net au Nord, le hardground Bruneval 1.
    Le membre Silex Bruneval comporte 3 termes différenciables par la teinte des silex. Ceux-ci sont désignés silex Bruneval inférieurs, silex Bruneval médians et silex Bruneval supérieurs. Alors que les silex inférieurs et les silex supérieurs ont un coeur noir, les silex médians sont uniformément gris clair.
    • Les silex Bruneval inférieurs possèdent une structure particulière. Ils sont formés de la superposition de deux ou trois niveaux de silex gris ou noirs reliés entre eux par des jonctions ou des anastomoses. Des éponges tubulaires peuvent régulièrement s’observer. Il semble qu’une grande partie des silex ait été formée à partir de tapis touffus de spongiaires tubulaires couvrant largement le fond sous-marin. Les silex Bruneval inférieurs constituent, après les silex Briquemare et Brière, le troisième niveau à Spongiaires. Cet ensemble montre des analogies avec les “Sponge Beds” d’Allemagne (WILMSEN, 2012). Mantelliceras mantelli et M. saxbii sont récoltés ici.
    • Les silex Bruneval médians restent peu silicifiés et mal stratifiés. À cet égard, il est plus adéquat de les désigner sous le terme d’intervalle Bruneval médian. Cet intervalle médian, vu de loin, par exemple à la plage de Saint-Jouin, dessine une bande claire remarquable. La base plus marneuse renferme de fréquentes M. saxbii de belle taille et les dernières M. cantianum.
    • Les silex Bruneval supérieurs sont constitués de bancs peu épais (une dizaine de centimètres), à coeur noir et cortex clair. A Saint-Jouin uniquement, l’existence d’un cortex fait partie des éléments de différenciation avec les silex Heuqueville sous-jacents. Dans le secteur de Bruneval-Saint-Jouin, les bancs ont tendance à s’accoler et à présenter une stratification ondulée.
      Un niveau de sources est lié aux silex Bruneval supérieurs (peut-être dû à la marne précitée). Il est particulièrement productif au Nord de la Valleuse de Bruneval.
  7.  Le Hardground Bruneval 1
    Dans le secteur nord, les silex Bruneval sont couronnés par un hardground, le Hardground Bruneval 1. Celui-ci est le résultat d’une réduction, voire d’une interruption de la sédimentation sous l’effet des courants. L’action de ces courants n’est pas uniforme. Elle est maximale vers Bruneval. C’est dans ce secteur que le hardground est le mieux marqué : épaisseur de la zone noduleuse, terriers abondants tapissés d’un enduit recristallisé, nodules glauconieux et phosphatés. Au Sud de la plage de Saint-Jouin, le hardground perd progressivement ses caractéristiques.
    Historiquement, dans le secteur d’Heuqueville, JUIGNET (1974) décrit et figure un hardground particulier, le HG Heuqueville. Selon nous, ce hardground n’a pas d’existence propre. Il correspond en fait au HG Bruneval 1 qui occupe une position plus basse par rapport au HG Bruneval 2 dans cette localité. De Saint-Jouin à Cauville, depuis la plage, nous avons pu suivre cette évolution dans la falaise vive, avec l’intercalation progressive de bancs de silex.
    Du N de la Valleuse de Bruneval à la descente au terminal pétrolier, le HG Bruneval 1 peut être touché et vu en coupe verticale dans la falaise en place. À partir de la plage de Saint-Jouin, en direction du Sud, Il s’élève rapidement et devient inaccessible. Par contre, son observation est facile dans les multiples panneaux éboulés entre Saint-Jouin et Cauville.
    Le HG Bruneval 1 (environ 1 m) possède un sommet généralement franc. Il est glauconieux (nodules verts), perforé de galeries de gros diamètre (Thalassinoides) pénétrant sur une trentaine de cm. Les parois de celles-ci sont tapissées de minéralisations restant en relief sous l’effet de l’altération.
    Il correspond à la “surface d’érosion sub-dixoni” de WRIGHT et al. (2017). Il est recouvert (séquence suivante) par une marne riche en débris de coquilles (huîtres, inocérames dont I. virgatus, nautiles, spongiaires, serpules) et graviers phosphatés s’insinuant dans les galeries. Une imprégnation ferrugineuse discontinue peut être présente, mais jamais aussi forte que celle du HG Bruneval 2. Au N et au S de la descente de Heuqueville, de nombreux panneaux éboulés montrent que des silex sont englobés dans le hardground. Donc, la formation du hardground (dissolution diagénétique suivie de recristallisation) s’est effectuée à partir d’une craie à silex.
    La base du hardground contient de nombreux Epiaster crassissimus et des nautiles (Cymatoceras). Le hardground est recouvert par un double (parfois triple) niveau de craie marneuse, riche en débris fossiles : Entolium orbiculare, Discoides subuculus, Pycnodonte vesicularis, et il comporte à sa base des silex remaniés.
    Le corps du Hardground Bruneval 1 contient Mantelliceras mantelli, les dernières M. saxbii, les premières M. dixoni et les premières Acompsoceras renevieri. Dans ce secteur, le HG Bruneval 1 est donc considéré comme intégrant peut-être le sommet de la Zone à M. saxbii mais surtout la base de la Zone à M. dixoni.

2. Secteur du Tronquay

Entre Heuqueville et Ecqueville, la tendance générale est une réduction progressive d’épaisseur des silex Poterie (en moyenne 1 m).
  Les silex Bruneval supérieurs montrent une évolution plus irrégulière. Alors qu’à la Valleuse de Bruneval, ils sont réduits à 2 ou 3 bancs accolés, en se déplaçant à Heuqueville (blockhaus en surplomb), les bancs de silex se dissocient un peu plus. Leur nombre passe à 5 ou 6 et leur épaisseur globale atteint environ 1,8 m. Sous le dernier silex, un niveau marneux gris se détache parfois, désigné ici “marne infra- HG Bruneval 1”. Au Tronquay et plus au Sud, le nombre de bancs de silex Bruneval supérieurs repasse à 3 ou 4.
  Le HG Bruneval 1 subit une réduction en épaisseur (une soixantaine de centimètres) et en intensité (la nodularisation est encore présente mais les terriers sont moins marqués). Les derniers affleurements accessibles et indubitables de HG Bruneval 1 ont été observés à environ 600 m au S de la descente du Tronquay (49°35.09N 0°06.44E).

  Au Sud de la Valleuse de Cauville, le HG Bruneval 1 fournit M. dixoni.

3. Secteur d’Ignauval

  Entre la descente d’Ecqueville et l’escalier de l’OTAN, la qualité des observations est médiocre. Les affleurements sont ponctuels, distants et limités en extension stratigraphique. Ce n’est qu’entre l’escalier de l’OTAN et le Cap de la Hève que l’on retrouve des coupes complètes.

  1. Les silex Poterie apparaissent bien dans la falaise juste au Sud de l’escalier de l’OTAN mais ils sont difficilement accessibles. Leur épaisseur y est faible, estimée de l’ordre du mètre. En progressant vers le Sud, cette épaisseur va régulièrement augmenter. Ils peuvent être touchés dans quelques gros panneaux éboulés ayant conservé une certaine intégrité. Ils sont constitués de silex, en général gris, en rognons de petite taille, discontinus et dont la stratification est médiocre. La marne Poterie 1 est mal exprimée.
    Vers Les Ronces, l’épaisseur des silex Poterie avoisine 3 mètres et au tiers inférieur se développe un gros silex intercalaire, gris ou noir. Cette configuration reste la même jusqu’au Cap de La Hève.
  2. Les silex Bruneval
    Un changement net s’opère au sommet des silex gris Poterie. Il correspond au passage de silex gris mal stratifiés à des silex noirs bien stratifiés.
  • Les silex Bruneval inférieurs semblent être réduits à un épais (30 cm) silex tabulaire noir à cortex clair, souvent divisé en deux parties par des alvéoles coalescentes. Comme il s’agit d’un niveau repère, parfaitement constant et identifiable jusqu’au Cap de la Hève, il est désigné ici “silex Saint-Andrieux” ou silex Bruneval n° 1. Il pourrait représenter une condensation en épaisseur des 2 silex Bruneval noirs de Saint-Jouin. La base du silex (joint j1) contient des débris de tests dont des inocérames indéterminés.
  • L’intervalle Bruneval médian correspond à un mince niveau clair associé à un silex gris discontinu (niveau 1’ sur les clichés).
  • Les silex Bruneval supérieurs consistent en environ 5 niveaux de silex minces et assez mal stratifiés (épaisseur environ 1,2 m).
  • Le joint 3 est un plan de décollement qui souligne un niveau de craie marneuse, d’environ 30 cm d’épaisseur, constant dans toute la zone du Cap de la Hève. De manière générale dans ces horizons stratigraphiques, les joints de décollement sont des marqueurs très utiles et fidèles pour se caler dans la série.

3. Niveaux assimilés au HG Bruneval 1

 
Comme il est mentionné dans les lignes précédentes, le HG Bruneval 1 s’estompe et disparaît au Sud du Tronquay. Les courants responsables de sa formation ont-ils eu une action sur la sédimentation plus au Sud ?
Dans la partie terminale des silex Bruneval, deux horizons présentent des particularités qui soulignent une friction sur le fond sédimentaire :
  – au niveau du joint 3, un premier lag (sédiment vanné) de fins débris   coquilliers vient se coller sur le silex Bruneval 3, suivi d’un dépôt de craie marneuse ;
  – au niveau du joint 4, un second lag plus épais concentre des tests mieux préservés, en particulier d’Inoceramus virgatus et d’Epiaster sp. . Des lentilles de brèche de silex terminent cet épisode.
  L’action des courants ne se traduit pas ici par une absence de dépôt, mais au contraire par un dépôt d’éléments vannés.
  L’épisode HG Bruneval 1, dans son expression minimale, est ramené à l’intervalle entre les joints 3 et 4.

Coupe-type du Ce2b à la plage de Saint-Jouin-Bruneval.
a
: Colonne stratigraphique type du Ce2b à St-Jouin.
b : Le Ce2b dans le panneau nord de St-Jouin.
Ce panneau faillé, derrière les cabines de bain, est très aisément accessible, mais
n’offre pas la même qualité d’échantillonnage qu’à la Valleuse de Bruneval.
La sous-séquence Ce2b au Nord du secteur d’étude.
a : Vue oblique de la falaise. Vue du perrey en regardant vers le Sud.
Entre la Valleuse de Bruneval, à gauche, et la pointe du Grouin, à droite.
La sous-séquence est ici la plus développée et tous ses termes sont accessibles.
Le contact silex Heuqueville / marne Poterie 1 forme une marche d’escalier.
b : Base de la falaise, à 200 m au Nord de la pointe du Grouin (49°39.75N 0°09.46E).
c : Base de la falaise, au Sud de la plage de St-Jouin. Zoom sur la falaise vive.
Détail des membres de la sous-séquence Ce2b au Nord du secteur d’étude.
a
: Les marnes et silex Poterie – base de la falaise à 200 m au Nord du Grouin.
b : Les silex Poterie (49°36.96N 0°08.02E).
bloc éboulé à 50 m au Nord du blockhaus en surplomb d’Heuqueville.
c : Les silex Bruneval – base de la falaise, à 200 m au N de la pointe du Grouin.
d : Les silex Bruneval  (49°38.38N 0°08.95E).
Dans la falaise, à 1000 m au Sud des cabines de la plage de St-Jouin.
e : Développement maximal des silex Bruneval.
Apparition d’une marne infra-Bruneval 1 (Heuqueville).
f : Plan rapproché sur les silex Bruneval inférieurs,
montrant les anastomoses entre les niveaux de silex,
à 50 m au Nord du blockhaus en surplomb d’Heuqueville (49°36.96N 0°08.02E).
g : Plan rapproché sur la marne Poterie 1 reposant sur la surface durcie Poterie.
Platier érodé par la mer au Sud de la Valleuse de Bruneval (49°39.94N 0°09.53E).
Variations latérale des silex Poterie.
a
: Premier stade de réduction d’épaisseur des silex Poterie.
Bloc éboulé à 80 m au Nord de la ravine du Grand Hameau (49°37.96N 0°08.69E).
b : Stade avancé de réduction d’épaisseur des silex Poterie.
Panneau éboulé sous le blockhaus en surplomb d’Heuqueville (49°36.96N 0°08.04E).
Variations latérales des silex Bruneval entre Le Tronquay et la descente de l’OTAN.
a : Falaise à 700 m au Nord de la descente du Tronquay (49°35.68N 0°06.92E).
b : Falaise à 600 m au Sud de la descente du Tronquay (49°35.03N 0°06.37E).
c: Falaise à 700 m au Sud de la descente du Tronquay (49°35.00N 0°06.35E).
Le hardground Bruneval 1.
a : Tubulures encroûtées. Craie marneuse recouvrant le hardground.
Silex présents à la fois dans le hardground et à la surface du hardground.
A 200 m au Nord de la descente Heuqueville-Guildins (49°37.38N 0°08.31E).
b : Hardground dans une zone altérée.
Mise en relief de l’encroûtement de calcite des terriers.
Base de la falaise dans l’axe de la Valleuse de Bruneval (49°40.01N 0°09.60E).
Les silex Poterie et le silex St.- Andrieux, au Sud de l’escalier de l’OTAN.
a : Panneau à 1400 m au Sud de l’escalier. Les silex Poterie sont difformes, peu épais et formés principalement d’un cortex gris. Ils sont encadrés par les silex Heuqueville et les silex Bruneval, chez lesquels le nucléus noir prédomine.
b : Autre panneau un peu plus au Sud, où la marne Poterie basale est plus dégagée. Persistance de paramoudras.
c : Gros plan sur le silex St.-Andrieux, niveau de base des silex Bruneval au Nord du Cap de la Hève. Ce silex apparaît bipartite localement par la présence de vides. Ailleurs, la silicification soude les deux niveaux et conduit à un silex tabulaire unique. En 49°31.74N 0°04.22E.
Les silex Bruneval entre l’escalier de l’OTAN et le Cap de La Hève.

a : Panneau éboulé en 49°31.74N 0°04.22E avec les couches subverticalisées.
Les silex Bruneval supérieurs, assez minces et mal stratifiés (niveaux 2 à 4) s’enrichissent à leur sommet en passées néritiques (joint j3 à joint j4).
b : Panneau des Ronces (cliché remis à l’endroit). Le silex St.-Andrieux est supposé le vestige des silex Bruneval inférieurs de la localité-type. Le niveau clair entre les silex Bruneval inférieurs et les silex Bruneval supérieurs n’est plus apparent (niveau 1’).
Les couches de passage Ce2b/ Ce3a.
a : Gros bloc éboulé au-dessus du panneau des Ronces.
Deux niveaux marneux s’observent de manière constante dans la falaise. Ils conditionnent deux joints de décollement des blocs, notés ici j3 et j4. Des lags fossilifères accompagnent ces marnes.
b : Gros plan sur le bloc précédent.
Le joint j4 recèle, assez systématiquement, des I. virgatus dont l’apparition est presque simul- tanée de M. dixoni, fossile de zone.
Plus rarement, au-dessus du joint j4, se placent des lentilles de brèche de silex. Elles pourraient représenter des indices de remaniement sous-aquatique, corrélables avec le HG Bruneval 1.

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