La Faille de Fécamp
La faille de Fécamp-Lillebonne est le plus important accident tectonique affectant les falaises de craie cauchoises. Dans la région de Fécamp, et plus particulièrement sur le littoral, elle n’est cependant pas visible directement. On ne peut que comparer les couches présentes au SW près du casino à celles existant au Cap Fagnet, soit à 1,2 km de distance. Aucun niveau identique stratigraphiquement n’est observable de part et d’autre. De plus, les faciès des séries dans chaque compartiment sont très différents.
Pour évaluer le rejet, on prendra comme niveau de référence la marne « Shoreham » qui apparaît à la base de la falaise près du casino dans le compartiment SW. Au sommet du Cap Fagnet, haut de 105 m, cette marne est nettement visible (limite Coniacien inférieur – Coniacien moyen).
A partir de ces données, une estimation d’un rejet vertical de l’ordre de 120 mètres peut être avancée.
Cartographiquement, la faille ne se poursuit pas au Sud de la Seine. Il est supposé qu’elle se rattache à la faille de Rouen par le biais d’une faille tranversale, la faille de Villequier – Triquerville.
Vers le Nord, elle se courbe pour s’orienter selon une direction latitudinale. D’autres interprétations la font rejoindre la faille du Bray en direction de l’île de Wight.
La faille de Fécamp constitue la limite entre deux blocs rattachés au socle cadomien :
le « bloc de Caux » au SW,
le « bloc d’Ailly » au NE (néologisme introduit ici).
Ces blocs ont joué relativement, au cours du Cénozoïque, mais également très tôt dès le Crétacé, avec vraisemblablement des inversions. Si l’on prend pour référence le bloc NE, on constaterait :
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- une élévation au Cénomanien inférieur – moyen (Pierre de Fécamp, Ragot),
- un affaissement au Turonien – Coniacien inférieur (série condensée d’Etretat),
- une élévation au Coniacien moyen (série dilatée de Criquebeuf).
Et si la faille de Fécamp était encore vivante ?
La sismicité récente peut amener à reconsidérer l’interprétation purement eustatique (Rodet, 1992) donnée à certains faits géomorphologiques. Une surrection quaternaire du compartiment Fagnet pourrait rendre compte de :
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- l’évolution locale du karst et de l’attraction du réseau hydrographique vers le compartiment affaissé,
- le delta karstique du Vieux Fécamp,
- le rippage vers l’Est du karst (fossile→ actif de la source du Heurt),
- la plage surélevée fossilisée par le cône de gélifracts du Chien Intrépide,
- le paléoplatier au niveau du HG Fagnet entre le Trou au Chien et la Porte à la Reine,
- le piédestal à replat supérieur aligné avec le toit des portes, d’Eletot à Fécamp (trace du plus ancien platier)
- la hauteur maximale au Cap Fagnet.
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