Eboulements

Les éboulements de falaise

9 août 1939

Les éboulements mettant en cause brutalement des centaines ou des milliers de tonnes de roches ne sont pas rares. La presse écrite, télévisuelle, le blog de l’Estran Cité de la Mer , le site de Sciences et Géologie Normandes, l’association Gyrodus, ou encore des rapports BRGM les relatent car ils ont un caractère spectaculaire, bien que rarement mortel. Ils peuvent encore se produire sur des escarpements à l’intérieur des terres faisant l’objet de rapports du BRGM.
La prévision des éboulements des falaises rocheuses est assez aléatoire. L’inspection visuelle permet parfois de détecter des fractures potentiellement dangereuses, mais celles-ci peuvent rester inactives pendant des décennies. L’instrumentation (fissuromètres, nivelles, plots) et l’enregistrement temporel des déplacements permettent une vision dynamique. La modélisation numérique permet de cerner l’aléa.
Un recensement effectué chaque semaine par le Service Littoral de l’association ESTRAN de Dieppe permet de dresser une cartographie de l’importance des éboulements, reprise par les chercheurs des universités de Caen et Rennes 2 (voir la revue Géologues). Un Réseau d’Observation du Littoral Normand et Picard a été créé. Le BRGM est sollicité.
Différentes techniques géophysiques ont été testées pour déterminer l’état de fragilité mécanique et de susceptibilité à l’effondrement des massifs rocheux :

Deux de ces techniques ont été mises en oeuvre sur le site de Mesnil-Val (BRGM et Ineris, voir vidéo).
A ce jour, comme pour les séismes, il n’existe aucune technique qui permette de prédire un éboulement à court terme. Au site appareillé de Mesnil-Val, les derniers gros éboulements ne semblent pas avoir été détectés dans les heures précédant le phénomène.

Facteurs externes

Les causes d’éboulement des falaises crayeuses sont multifactorielles et cumulatives. Les facteurs responsables s’exercent selon des unités de temps très variables. Ainsi, en toile de fond, le réchauffement climatique d’origine naturelle (Interglaciaires quaternaires) ou artificielle (Anthropocène) favorise le recul de la falaise par l’élévation du niveau marin. Les vagues sapent non seulement la base de la falaise (martèlement des galets, surpressions dans le massif crayeux dues à l’onde de houle), mais elles éliminent également les éboulis qui la protègent.
A l’échelle temporelle de l’année, ce sont les conditions météorologiques qui influent le plus sur la fréquence des éboulements. Une pluviométrie longue et soutenue dégrade profondément les caractéristiques mécaniques de la craie. Ainsi, l’hiver 2103-2014 a vu se succéder d’importants éboulements le long du littoral français et anglais ainsi que de la vallée de Seine. Mais a contrario la catastrophe médiatisée de St Jouin-Bruneval est survenue en plein été 2013. Les contrastes thermiques, l’alternance dessiccation-imbibition, l’haloclastie, l’alternance gel-dégel (cryoclastie), ont des effets plus pelliculaires et sont à l’origine d’éboulis de desquamation.

Facteurs internes

Les caractéristiques lithologiques propres au tronçon de falaise conditionnent également l’importance et le style des éboulements. Ces derniers sont plus fréquents dans certains secteurs que dans d’autres, comme nous l’avons mentionné sur la page consacrée au recul du trait de côte.
Voici quelques facteurs qui peuvent avoir un effet sur la résistance ou l’affaiblissement des falaises de craie :
Résistance :

  • Les niveaux de gros silex continus. Ils agissent comme une armature de la craie en place ou sont à l’origine de puissants cordons de galets protecteurs.
  • Les hard-grounds. Ils augmentent très fortement la rigidité de la craie.

Affaiblissement :

  • Les marnes, diffuses dans la craie ou sous forme de niveaux distincts (particulièrement les bentonites gonflantes).
  • l’intensité de la  fracturation. Certains niveaux de craie ont une densité de fractures plus élevée (Santonien supérieur-Campanien, par ex.).
  • L’orientation de la fracturation par rapport à la falaise. Lorsque l’angle est aigu, des éboulements en coin massifs se produisent, parfois avec un effet dominos. Les plans de fracturation tectonique N110E sont souvent impliqués dans des décollements.
    On pourra distinguer :
    – des éboulements à arrachement simple,
    – des éboulements à arrachement + décollement stratigraphique,
    – des éboulements à arrachement + décollement tectonique.
  • La composition stratigraphique de l’à-pic. Les falaises à piédestal ou à couverture argilo-sableux (Jurassique, Crétacé inférieur, Thanétien) renferment des aquifères à l’origine de glissements incessants.
  • Le karst. Les cavités karstiques se comportent comme des zones de fragilité ponctuelles et sont à l’origine de rentrants dans la falaise (Le Chaudron d’Etretat, par ex.). Le remplissage des grands cônes de dissolution peut se vider brutalement en entraînant la paroi crayeuse, devenue insuffisamment résistante pour retenir ce contenu.  Cette cause est à l’origine d’ « éboulements sales » qu’on opposera aux « éboulements propres » qui n’impliquent que la craie blanche. Les éboulements entre Pourville et Dieppe sont des exemples types car les poches y ont un volume très important. Mais ils sont également présents entre Le Havre et Antifer, comme pour l’éboulement de Dollemard.
  • Les aménagements balnéaires ou portuaires. Les jetées ou les rideaux de palplanches, si ils ont un effet de blocage du transit des galets en amont, ont également un effet de dégraissage du côté aval. Toutes les falaises en aval sont fragilisées et sont le siège d’éboulement en masse. Les responsables publics devront choisir.

Nous nous contenterons ici de rapporter quelques exemples pour lesquels on dispose de photographies prises avant et après l’événement.

Eboulement de Pourville ouest

Actualités vues dans la presse :

Eboulement mortel en 1958, un témoignage :

Août 2011, Bruneval
20 novembre 2012, Varengeville

19 décembre 2012
Samedi 22 décembre 2012
27 décembre 2012, Saint-Martin-de-Boscherville
31 janvier 2013, Criel
Jeudi 14 mars 2013
Vendredi 29 mars 2013

Aout 2013, Petites Dales
Aout 2013, Criel
Jeudi 27 février 2014, Puys
Fin février 2014, Birling Gap, Angleterre (vidéo), ou sur la BBC.
Jeudi 7 août 2014, Saint-Pierre-en-Port
Jeudi 21 août 2014, Mers-les-Bains (presse),
mercredi 22 février 2023
Egalement photographié en cours par une passante, Sylvia Bourdeau :

Cliché réalisé par Sylvia Bourdeau et repris par L'Informateur - L'éclaireur

Cliché réalisé par Sylvia Bourdeau et repris par L’Informateur – L’éclaireur

Saint-Pierre-en-Port, 22 novembre 2022
Le Tilleul, 24 janvier 2023
Grandes Dalles, 24 janvier 2023
Cap Fagnet, 22 février 2023
Ault, fin mars 2023
Quiberville, 3 avril 2023
Saint-Martin-aux-Buneaux, 13 avril 2023
Puys, avril 2023
Voici une vidéo, réalisée par « Saint Jouin Bruneval » et extraite de Facebook, qui montre l’éboulement du 15 juillet 2013 au S de la plage de Saint-Jouin.



Voici un photomontage réalisé par le BRGM (Pierre Pannet)

Le plus spectaculaire est celui présenté par BFMTV :

L’éboulement de Saint-Jouin, 3 mois après ..

La vidéo suivante est extraite d’un reportage M6info, relatant en particulier les éboulements de décembre 2021.

Des solutions techniques pour le traitement et le confortement des falaises existent surtout pour les falaises situées à l’intérieur des terres (CETE Normandie Centre), mais elles sont rarement applicables aux falaises battues par la mer.

Une réflexion sur « Eboulements »

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